Apprendre à recevoir
samedi, octobre 29th, 2011Lorsque nous donnons, nous ouvrons notre cœur et nous construisons le monde spirituel. Lorsque nous prenons, nous fermons notre cœur et nous détruisons le monde spirituel. Ce phénomène est au cœur de la vie spirituelle, mais le monde subtil engendrant le monde matériel, ses implications vont bien au-delà. Il suffit d’observer les effets de la société de consommation sur la vie des gens et sur la planète pour comprendre de quoi je veux parler.
La société, coupée de la nature, est basée sur le mythe de la rareté alors que nous vivons dans un monde d’abondance. Lorsque nous donnons sans attentes, le mécanisme de causalité fait que nous recevons bien plus que nous aurions obtenu en prenant. On retrouve cette idée dans la wicca avec la loi du triple retour, même si elle est exprimée de façon naïve et qu’elle est souvent envisagée sous son aspect négatif. Donner dans le but de recevoir revient à prendre, c’est seulement une façon de faire semblant de donner.
Bien entendu, il faut garder à l’esprit qu’il faut subsister dans le monde matériel. Du fait de la complexité de la nature humaine, il est extrêmement difficile de trouver la bonne mesure. Par exemple dans leur recherche de détachement, les moines bouddhistes vivent uniquement de l’aumône. De leur côté, les moines chrétiens, selon la règle de saint Benoît, doivent travailler pour être autonomes. En contrepartie, ils doivent s’efforcer de produire mieux pour moins cher que ce que l’on peut trouver dans le monde profane. Les deux systèmes ont chacun leur niveau de perversion. D’un côté, le monachisme bouddhiste attire beaucoup de parasites qui n’ont pas la vocation mystique. D’un autre il est régulièrement arrivé au cours de l’histoire que des monastères chrétiens s’enrichissent outre mesure alors que ce n’est pas le but de la démarche.
Si nous ne prenions pas, nous recevrions bien plus qu’il nous faut, mais le cœur fermé par l’envie de prendre, nous ne voyons pas les voies qui nous le permettrait. La principale difficulté de la vie spirituelle se situe ici. Il faut apprendre à recevoir. Apprendre à ouvrir son cœur au-delà de la raison, sans rien attendre, même face à une situation, qui selon nos critères ordinaires, ne le mérite pas. Dans mon précédent article, je faisais allusion aux concepts de l’être extérieur et de l’être intérieur. On retrouve cette dualité dans le fait de donner ou prendre. C’est notre être extérieur égoïste qui souhaite prendre alors que notre être intérieur altruiste souhaite donner.